Accueil SuivanteSi la question a l'air simple, la réponse est en revanche beaucoup plus complexe. Pour un aperçu rapide de ses spécificités, voici un extrait de l'ouvrage de Mary Vaudoyer "Le Livre de la Haute Couture"(V&O Editions, 1990)
RESTAURER?
Exemple d'une pièce de la collection : le cas du corsage d'une robe de bal vers 1898.A première vue, ne le trouvez-vous pas en bel état? Et pourtant, ses faiblesses sont réelles et sérieuses. En raison de l'acidité de la transpiration, les sous-bras sont terriblement endommagés. Seule une restauration professionnelle pouvait consolider cette partie du corsage.
Ci-dessous : détails avant traitement des rousseurs, coupures, manques et craquelures répartis de façon très locale. Si rien n'est fait, la pièce risque d'être détruite à court terme ( entre autres par la manipulation et les frottements excessifs)
"Il est peu d'oeuvres d'art parvenues jusqu'à nous sans dommage. Si nous pouvons jouir de la présence rassurante d'un patrimoine, c'est que les objets anciens ont échappé miraculeusement à ce qui les condamnait. Toutes les oeuvres n'ont pas l'éternité pour visée, et parmi elles sont particulièrement éphémères, par définition, les arts de la mode.La plupart des constituants des objets de mode sont organiques, comme nous-mêmes, et voués à la dégradation. C'est pourquoi il faut des conditions particulièrement favorables pour les conserver au cours des siècles. On sait aujourd'hui scientifiquement minimiser les atteintes du temps, et s'ils ont été endommagés, redonner à ces témoignages du passé une lisibilité satisfaisante.La première technique mise en jeu est la conservation. La seconde est la restauration. Celle-ci est toujours une opération délicate qui engage l'objet, son propriétaire, le restaurateur. Aussi on ne saurait trop recommander de respecter avant tout les normes de bonne conservation afin d'éviter autant que possible les interventions ultérieures.Aujourd'hui la restauration a une déontologie clairement définie pour toutes les catégories d'oeuvres confondues; ses principes sont applicables aussi bien aux textiles qu'aux céramiques; ses praticiens, comme les médecins, sont formés à une approche globale puis exercés par spécialité. Même pour exécuter le plus fin travail d'aiguille, la plus légère retouche, une formation théorique et scientifique est nécessaire, parce que la décision qui précède l'intervention est d'ordre intellectuel, fondée sur des arguments scientifiques, historiques, techniques et qu'en dépit de l'immense savoir dont le restaurateur doit impérativement faire preuve, certains critères propres au genre doivent être respectés :
-intégrité de l'oeuvre;-lisibilité;-réversibilité des interventions;-neutralité chimique des matériaux employés.
C'est avec ce haut niveau d'exigence et une parfait humilité que tout travail de restauration doit être abordé.Avant d'entreprendre une intervention sur un vêtement ou un textile anciens, il faut d'abord procéder à un sérieux examen visuel et noter : état et nature des dégradations, état de propreté, nature des salissures, accidents, interventions antérieures, modifications par rapport à l'état d'origine, évaluation des possibilités d'évolution des dégradations, etc...Le propriétaire ou le responsable de l'oeuvre doit donner autant d'information et de documentation qu'il a en sa possession sur l'objet.L'intervention décidée n'aura pour but que de restituer une lisibilité acceptable avec un minimum d'intervention. Les restaurateurs ne sont pas des créateurs, ils ne doivent pas se substituer à l'auteur même anonyme de l'objet, chercher l'effet, ou pratiquer l'illusionnisme, mais adopter une solution qui permette de voir le vêtement sans que sa réalité historique ne soit trahie.La restauration a pour but la conservation, l'exposition ou l'étude de l'oeuvre, non son usage.La restauration de textiles anciens est le plus souvent une opération de mise sur support et solidarisation de l'original et du support à l'aiguille au "point de restauration". Les matériaux sont teints à la couleur selon des techniques chimiques très précises et qui garantissent la tenue des colorants. Chaque opération doit pouvoir être justifiée et faire l'objet d'un rapport documenté, le restaurateur doit pouvoir expliciter la nature physico-chimique de ces choix."Véronique Monier, restauratrice de textiles, diplômée de l'Université de Paris I
Etudes de cas
En construction...
la restauration qui a été choisie est un traitement par couverture locale (crepeline de soie teinte) après micro-aspiration et mise en forme. Ce traitement courant en restauration textile ne redonne pas toute la solidité passée à l'étoffe, mais permet de retrouver une lisibilité, de faciliter la manipulation et l'exposition de la pièce.
PrécédenteEn construction...
Notez le dépôt de poussière, niché au creux du pli...cette robe a très clairement besoin d'une micro-aspiration. En effet, l'abrasivité de la poussière risque à terme d'endommager l'étoffe.
Combien de temps pour arriver à un tel niveau d'insolation? Plusieurs années? Non...quelques jours ont suffi pour amorcer le processus de décoloration, qui ensuite se poursuit sournoisement...Pendant une exposition, le soleil, la lune, sont des dangers réels et doivent faire l'objet de rigoureux contrôles de luminosité. (50 lux maximum )Dans le cas de cette pièce, aucune méthode de restauration ne peut rendre la fraîcheur du coloris.En général d'ailleurs, la décoloration s'accompagne de faiblesses et de coupures dans l'étoffe. Ici, heureusement, cette robe reste intègre et néanmoins plaisante...
 
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