Un autre ensemble de la même période. Sobre mais distinguée, cette robe de jeune fille illustre les changements des codes vestimentaires apparus après 1910. Les ornemements se simplifient, la coupe devient plus rectiligne....Cette pièce en crêpe de soie fuschia a manqué d'être séparée de son jupon, exactement du même tissu, mais de couleur beige. Cela peut passer a priori pour une petite perte, mais c'est ce même jupon qui fait ceinture...la cordelette beige visible sur la photo lui étant ratachée!Ajoutons que le corsage devait recevoir de petites roses en tissu, car des pressions mâles subsistent. Il était, lui aussi, au fond d'un autre carton, séparé de sa jupe. Alors un seul mot d'ordre: n'hésitez pas à fouiller!!!!
Ensemble estival en mousseline de soie. Ornement en trompe-l'oeil constitué d'un faux boutonnage tout du long du devant de la jupe ( montée sur un gros grain noir doublé soie blanche). Jupon assorti avec ceinture cordelette beige. Corsage blousant. Présentée avec un col de crochet ajouré, boutons. Circa 1912-1913.
                



Une pièce exceptionnelle:
Il s'agit d'un ensemble de réception d'une richesse peu courante. Les matériaux employés sont réellement de qualité, ce qui a permis au taffetas de traverser les années sans le moindre mal. Il y a des moments où la passion l'emporte sur la raison dès le premier round!

Taffetas noir recouvert de tulle rebrodé de sequins et de perles de jais (motifs d'arabesques et de fleurs) surjupe, traîne en pointe. Manches bordées de ruban de satin de diverses largeurs. Empiècement en mousseline de soie plissée donnant l'illusion d'un chemisier. Petit col officier. Griffée Jeanne Decuyp...(quasi illisible) robes et manteaux, Arlon. Belgique, circa 1905.         


Un ensemble estival, en trois pièces (les manches seules sont cousues à la doublure, la blouse pouvant, semble-t-il, se porter seule)
Je n'ai pu résister à  l'envie de photographier cette pièce avec la robe en soie camel claire, postérieure. Il n'y a, entre ces deux toilettes, guère plus d'un ou deux étés. Et les changements sont de taille, la silhouette s'allonge et s'affine vers un renouveau décisif de la mode.

Ensemble de promenade en trois pièces. Soie grise pâle imprimée de motifs floraux violets stylisés. Col faisant illusion d'un chemisier  (dentelle sur tulle).Dentelle mécanique et lacets de velours entrecroisés. Ceinture et galons de velours de soie. Sans griffe,  une sympathique fabrication "maison" probablement. Circa 1906-1907.



 


Cette robe m'est chère à plus d'un titre: elle est ma toute première pièce pleinement représentative de la mode de la tournure, au tout début des années 1880. Il s'agit d'un cadeau, d'une amitié, et de souvenirs de famille. Choses qui ne seront jamais monnayables! Après les joies de la découverte, il est temps d'en formuler un bref commentaire : c'est en réalité une "sur-robe" si l'on veut, car elle s'ouvrait sur une jupe probablement assortie, visible par une légère transparence, et qu' il serait sans doute possible de retrouver. Elle est typique de la vogue du style militarisant, ébauché dès les années 1860. Epaules basses, abdomen arrondi, emmanchures raides et "croupe" exagérée par une tournure encore à peu près raisonnable. Voici la silhouette d'une jeune femme habillée à la mode de Paris dans ces années-là.
Taffetas couleur terre de sienne brûlée, sorte de lainage tissé, maille variable, du beige au brun foncé. Boutonnage frontal, basque assymétrique et faux boutons recouverts et brodés de fil couleur vert d'eau. Petit col officier. Griffée "Mme Humbert, robes et confections, Dijon". Circa 1883.

        



Un exemple humble, néanmoins soucieux d'élégance et de bon goût :
Il est intéressant de noter que cette robe provinciale conserva les codes et les matériaux vestimentaires de la fin des années 1880, tout en s'orientant vers la simplification et l'ébauche de fonctionalité qui s'opéra vers 1900. En tout cas chez la petite bourgeoisie...
Robe 2 pièces, basque. A porter avec une ceinture. Sans griffe. Circa 1900.    


Une robe longtemps recherchée, et enfin trouvée :
      
cette pièce sans grandes sofistications fut l'objet d'une recherche attentive. Je souhaitais en effet acquérir une première robe de mariée tout de satin, illustrant le goût des années 1895 pour la manche gigot. Hélas, peu d'exemples ne me plaisaient vraiment! Ici ce fut un coup de coeur. Cette robe puise l'essentiel de son attrait dans le jeu de plis et de noeuds (symboles mariaux par excellence) et se distingue par la présence d"un long ruban, préservé, et dont l'usage et la mode furent très éphémères. Détail amusant, la silhouette évoque toujours la tournure, en perte de vitesse mais toujours présente, vers 1890-1892.
Enfin, impossible de penser porter cette pièce. Je ne sais pas quel âge avait cette mariée, mais au vu de la carure minuscule de son vêtement, elle devait être à la fois menue et excessivement jeune. Se marier à 15 ou 16 ans n'était pas chose rare à l'époque...
Robe 2 pièces en satin crème. Plis, fronces et noeuds décoratifs. Balayeuse double en dentelle mécanique. Sans griffe. Circa 1894-1895.


Voici maintenant un tailleur qui dormait dans mes cartons depuis plus de 6 mois, faute de pouvoir le mannequiner, vu sa petite taille (décidément). Il s'agit de ce que les américains appellent communément un "Walking Suit", ensemble de ville. Là aussi, pas de frous frous éxubérants et chichiteux. Comme souvent, mon choix s'oriente vers des pièces où la couturière privilégia la pureté de la silhouette à une débauche d'ornements. Peut-être est-ce chez moi un tremblement de modernité, ou tout simplement l'expression d'affects. Je pense qu'à l'époque, ma situation familiale m'aurait permis de porter de ces robes, élégamment sobres mais sans atours extravagants.
Walking suit en tweed de laine verte. Poche-gousset. Velours. Dentelle de Chantilly. Sans griffe. Circa 1900-1902.

           







Un autre bel exemple de tenue de promenade, ou de ville :


Cette jupe somptueuse était destinée à habiller l'élite. On ne peut que saluer son bon goût, bien parisien. La grâce de la traine, la délicatesse de la passementerie de soie et surtout l'ingéniosité de sa conception en font une pièce remarquable. Malheureusement, et ceci est rare, je n'ai pu retrouver son corsage ( ou boléro, sans doute) alors que celui-ci est certainement encore existant. Il doit se cacher au fond d'un des nombreux cartons de la vendeuse...Mais je reste vigilante, et ferai tout pour le retrouver!!!!!
Jupe de lainage, doublée de satin de soie assorti. Sans griffe. Circa 1903-1904.
 

         
 


(photos non disponibles pour l'instant)
Délibéremment sortie de mes aspirations d'origine, je me suis décidée à acquérir cette jolie pièce. Il est des choses qu'on ne peut laisser passer : voici un ensemble de soirée, constitué d'une robe et de son gilet de velours. Le dos nu est magnifique, en satin blanc. Il s'agit d'une toilette  des années 30, griffée Jeanne Lanvin, alors créatrice de mode déjà mondialement reconnue.
Bien entendu, rien ne semble rapprocher cette pièce de la précédente. Mais j'y vois l'expression d'une tradition reconduite, après que les années 20 aient semé leur vent nommé "garçonne"!! On le voit bien, l'esthétique de Lanvin ne s'en porte que mieux, grâce à un retour à la féminité, au retour des robes à traine. Somme toute, à cette élégance qui vit naitre les premières créations de la grande modiste parisienne.
Griffe : Jeanne Lanvin, Paris Unis France (15 7), Automne Hiver 1933-1934.


Tissu moiré, coupe simple et usage de broderies travaillées - place à l'Art Nouveau- font de cet ensemble un régal pour les yeux. J'imagine des comètes, des soleils...tant ce textile étonnant a conservé sa vivacité d'hier. Les lignes, bien qu'épurées, demeurent ancrées dans les usages des années 1890, et ne présagent pas encore de la fluidité des années à venir. Reste à préciser que la maison dont cette robe sorti fut sans doute la plus prestigieuse de Nevers, autrement dit, l'importatrice de la mode parisienne en province. Duterme était aussi un spécialiste du textile, et cela se remarque.
Robe de promenade ou de visite. Col en velours de soie rosé. applications de broderies perlées. Griffée "Au Paradis des Dames, E Duterme, Nevers" .C. 1897 -1898.

              
 
 

Chose suffisament rare pour être mentionnée, j'ai pu retrouver trace de l'atelier et du magasin de Duterme, desquels cette robe sortit. Que j'aimerais pouvoir faire de même pour d'autres pièces...
     
Carton d'invitation. 1909.


Je me rends compte que j'ajoute de plus en plus de photos...mais à mesure que ce site évolue, j'ai l'envie croissante de vous faire partager ma douce folie! Toutes ces lignes souples, onduleuses, d'ordinaires couchées dans leurs cartons (peu de gens peuvent concevoir cette privation nécessaire), sont ici offertes au regard. Alors je me régale, et vous souhaite le même bonheur!

Et, pour accréditer ces paroles, voici l'une de mes dernières acquisitions :
il s'agit d'une gracieuse tenue en soie blanche, probablement destinée à être portée, lors du "five O' clock", ou en tant que toilette de maison, malgré sa parenté esthétique avec les costumes mariaux. Comme certaines toilettes de bal, elle possède un anneau pour relever une traîne, qui, somme toute, devait être encombrante. Mais ces robes légères, bourgeoises, sont très peu ajustées et furent, à l'époque, des tenues traditionnelles de détente. Les temps ont bien changé...

Robe deux pièces en charmeuse, à traine, doublure soie apparente laissant voir un fin plissé (rosettes). Ornée de plis religieuse sur le corsage et la jupe. Extraordinaire dentelle (qui m'est inconnue, c'est peut-être du Tenerife, mais je suis loin d'en être certaine). Corsage pigeonnant. Sans griffe. Circa 1903-1904.
      

Encore et encore des photos.....
        




 

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